Les sentinelles de la RSE
Dr Philippe Carenco : faire exploser les cloisons
Philippe Carenco est praticien hospitalier depuis 1990. 30 ans de carrière, pendant lesquels il s’essaye à la pédiatrie, la médecine interne, la gériatrie et l’oncologie. Cette dernière spécialité lui laisse parfois un sentiment d’impuissance devant l’inéluctable et le décès de ses patients. « Humainement, on en tire une leçon. On se demande comment faire pour prévenir. »
Puisque certaines maladies sont induites, en 1997, il s’adjoint un diplôme d’hygiène et se spécialise en santé environnementale. « L’hygiène permet de minimiser les maladies très graves : on sait aujourd’hui qu’il y a moins de cancers de l’estomac grâce à l’invention du réfrigérateur, qui limite la prolifération de bactéries. »
Pour le Dr Philippe Carenco, la santé est intrinsèquement liée à l’environnement. « Un trait d’Hippocrate s’intitulait déjà De l’eau, de l’air et du climat ! » D’après lui, la santé environnementale est le lieu d’un grand refoulement. « Les évènements en santé environnementale se déroulent à une échelle temporelle lente. Il est rare d’avoir des épisodes aigus, comme le brouillard toxique, le smog, qui tua des centaines de personnes à Londres dans les années 50. » Pour lui, le sol est le grand délaissé des politiques environnementales. L’air et l’eau sont mieux pris en compte, mais les pesticides ont infligé des dommages terribles aux sols. « Sans sols, on meurt en quelques mois ou quelques années. C’est moins visible que l’air mais tout aussi grave, surtout pour accueillir une humanité en croissance, qu’il faut nourrir, sans s’écarter des enjeux sociaux. »
Philippe Carenco est heureux dans sa spécialité « C’est une médecine d’interface, je ne rencontre pas seulement des patients et des pharmaciens mais aussi des politiciens, des techniciens, des ingénieurs. C’est passionnant ! » L’interdisciplinarité est la base de la santé environnementale, qui met en contact au moins trois ministères : la Santé, l’Environnement, et l’Agriculture. « Un vrai carrefour ! » Le Dr Carenco s’engage auprès du C2DS pour faire avancer la santé et l’humanité. Il aime les normes et les labels, qui aident à structurer les actions et à les faire comprendre. « J’ai les yeux tournés vers l’avant, pas dans le rétroviseur. La France est chef de fil de la COP 21, mais n’est pas capable de mettre en œuvre des pistes cyclables ! Moi, je veux être dans l’action. À l’échelle régionale, nous mettons en œuvre une réduction de 50 % des désinfectants dans les hôpitaux. On théorisera ensuite. »
Propos recueillis par Véronique Molières – https://www.bvm-communication.com/