Les Sentinelles de la RSE / Agence Primum non nocere
Laurent Chatagnon, responsable du Pôle régional achat, patrimoine, développement durable et référent RSO du Groupe Ugecam, Hauts-de-France.
« Les valeurs du développement durable placent l’humain avant tout »
Que faites-vous au sein de de votre structure ?
Je suis chargé de mettre en place la politique d’achat responsable, la stratégie régionale immobilière et d’intégrer et coordonner la RSO au sein de l’Ugecam Hauts-de-France. Le groupe national Ugecam compte 225 établissements sanitaires et médico-sociaux en France dont 19 dans les Hauts-de-France.
Comment êtes-vous venu à la RSE ?
Un peu par hasard ! En fait, tout a commencé avec le code des marchés publics qui a intégré des critères de sélection de développement durable dans les consultations. Dans l’établissement où je me trouvais à cette époque, nous étions déjà dans la bonne direction, sans vraiment formaliser ni structurer notre démarche. Nous avions en cours une centaine d’actions en lien avec un des piliers du développement durable comme la lutte contre le gaspillage ou le tri des déchets. Courant 2015, nous avons inscrit le développement durable dans le projet d’établissement. Puis, très vite, notre politique d’achat responsable a vu le jour ainsi qu’une charte de partenariat responsable. Nous avons ainsi travaillé avec la CAHPP (conseil et référencement pour l’hospitalisation publique et privée) en participant à son indice vert sur les produits d’entretien. Par ailleurs, j’ai suivi le Diplôme Universitaire « Management du développement durable en santé » au Cesegh à Montpellier.
Quel sens donnez-vous à votre démarche ?
Les piliers du développement durable comme la préservation de la planète, de la santé, l’amélioration des conditions de travail de chacun, sont des valeurs essentielles que je défends. Elles placent l’humain avant toute chose. Cette démarche donne du sens à toutes les actions que nous pouvons mener au quotidien car il est nécessaire de maintenir les écosystèmes. Et si nous ne le faisons pas pour nous, alors faisons le pour les générations à venir.
Quelle est l’action exemplaire que vous avez mise en place dans le cadre de votre démarche RSE ?
Nous avons mené un partenariat avec le scolaire en faisant appel aux écoles primaires afin de mettre en place des actions très concrètes. Nous avons en effet des ruches sur notre terrain et des moutons qui entretiennent l’espace vert. Une école du secteur s’est portée volontaire pour initier les enfants au développement durable au travers notamment d’ateliers de tonte et d’apiculture. En contrepartie, les élèves ont travaillé durant deux années sur des expositions. L’une sur les « gueules cassées », les légumes abimés et l’autre sur la définition du handicap. Nous aimerions aussi beaucoup travailler sur le lien intergénérationnel en amenant ces expositions dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Quels sont les principaux enjeux et les actions urgentes à mener en 2019 ?
Il faut arrêter le diesel. Et revoir tout le parc automobile et énergétique de nos établissements de santé. Il faut se donner les moyens de ne pas avoir peur d’investir dans les nouveaux concepts. Nous avons trop de financiers frileux qui ne calculent que le coût immédiat alors qu’il faut prendre en compte le cycle de vie d’un produit ou d’un bâtiment. Il faut quitter le moins disant et repartir sur le mieux disant. En termes d’alimentation et de restauration collective, pour le prix d’un repas, c’est la même chose.
Qu’auriez-vous envie de dire à d’autres pour leur donner envie d’agir ?
Venez voir ce que l’on a fait, ce que l’on peut faire, et ce qu’il reste à faire. On peut très vite mettre en place des actions vertueuses peu couteuses. Pour la restauration par exemple, nous avons travaillé sur la réduction du gaspillage, inversé le sens du self…Il faut regarder, diagnostiquer, analyser les choses. C’est en impulsant une dynamique que l’on peut essaimer le développement durable qui ne nécessite pas forcément de gros moyens pour se lancer.
Propos recueillis par Isabel Soubelet (isabel.soubelet@sfr.fr)