Les sentinelles de la RSE
Lamia Kerdjana : Actions !
Avec sa voix douce et son sourire qui frise la fraîcheur enfantine, Lamia Kerdjana trompe son monde ! Car cette jeune femme est immergée dans l’action ! Anesthésiste-réanimatrice, le bénévolat, elle connaît. Déjà lorsqu’elle était interne et toujours aujourd’hui en présidente de Jeunes médecins IDF et trésorière de JM national.
« Un syndicat qui représente tous les jeunes médecins (10 ans après l’obtention du DES) quelle que soit leur spécialité, leur mode d’exercice. Un syndicat qui veut fédérer autour de propositions qui répondent aux attentes de la nouvelle génération ».
La médecine, la petite Lamia l’a découverte avec son chien Pipon.
« Très petite, je me suis demandée comment fonctionnaient les corps des êtres vivants. Et ceux qui en savaient le plus, c’étaient les médecins »
En commençant médecine, elle pense à la chirurgie pour dit-elle :
« mieux comprendre comment fonctionnaient les corps, comme si l’anatomie était la réponse »
mais son premier contact avec des chirurgiens viscéraux l’en dissuade et elle choisit l’anesthésie. Pourquoi ? Là encore, retour vers l’enfance et un mauvais souvenir d’une anesthésie générale qu’elle a eue à 10 ans pour des extractions dentaires.
« J’ai voulu faire ce métier mais d’une meilleure façon et si je crois mes patients, j’y réussis ».
Parmi ses nombreux « projets chantiers », congé maternité/paternité, santé au travail, harcèlement moral ou sexuel dans le milieu médical, il y a le chantier « santé environnement ». Parce que les pratiques hospitalières qu’elle découvre lors de son internat en 2009, sont mauvaises :
« nous étions confrontés au quotidien à des situations qui nous semblaient invraisemblables. Comme ces lames métalliques de laryngoscopie à usage unique, jetées dans les ordures ménagères parce qu’il y avait une date de péremption sur l’emballage ! Bien sûr nous avons décidé de mettre en place une filière pour revaloriser tous ces déchets mais nous nous sommes heurtés à l’inertie du système et de la direction » !
Si sa passion pour son travail est bien ancrée chez elle, si elle a encore du mal à déléguer mais elle s’améliore de jour en jour, le temps, le Dr Kerdjana le donne en priorité à sa fille, à sa famille. Et les petits moments qui restent, ceux pendant lesquels elle ne révise pas son DU d’expertise médico-judiciaire, une autre rencontre avec la médecine et les corps, elle retrouve ses hobbies qui
« changent au gré de ses envies parce qu’essayer plein de choses différentes », elle aime ! « La dernière en date, la couture dans l’optique zéro déchet. Je fais mes calots de bloc, des doudous, je répare les trous que ma fille se fait sur ses pantalons »…
Sans oublier les rendez-vous comptines avec sa fille, la musique avec Renaud et Bénabar, la lecture avec « Le grand détournement », l’excellent livre de Fatiha Boudjahlat, « l’éco-anxiété » du docteur Alice Desbiolles, une invitation à repenser nos manières d’être. Et côté sport, pas de problème, Lamia a réglé le sujet, elle se déplace à vélo dans Paris ! J’ai oublié de vous dire, malgré sa voix douce et son sourire, que le Dr Kerdjana est une têtue. Têtu, un défaut ? Que nenni, bien au contraire, qu’elle se rassure, c’est une précieuse qualité puisque d’après une étude, les personnes têtues seraient moins anxieuses et vivraient plus longtemps. Persévérante Lamia Kerdjana ? Sans aucun doute. Colère ? Oui :
« devant l’inconséquence de l’être humain face aux questions environnementales, oui pour tout ce qui touche l’iniquité, et notamment les discriminations liées au sexe ».
Une têtue qui a un emploi du temps bien chargé et qui se préoccupe des élections URPS 2021 (Unions régionales des professionnels de santé) pour lesquelles des dizaines de jeunes médecins sont engagés.
« Il est temps que les jeunes prennent le relais dans ces institutions pour construire le monde qu’ils souhaitent et arrêter de subir les choix que leurs aînés font pour eux sans les impliquer ».
Actions, toujours !
Propos recueillis par Véronique Molières