Les Sentinelles de la RSE / Agence Primum non nocere
Jérémie, le voyageur de la planète Primum
A l’époque, on disait qu’un jeune devait faire ses classes avant de se lancer dans la vie. Après son master 2 en chimie physique, Jérémie Krebs, 22 ans et des poussières, se morfond dans un laboratoire, courbé toute la journée sur la catalyse, qui, comme chacun sait, permet les transformations chimiques dans les organismes vivants. Processus essentiel, devenu plus que secondaire pour le jeune homme. Il rêve d’horizons un peu plus lointains qu’une paillasse sous les néons. Il doute aussi de la pertinence de la recherche scientifique pour plan de carrière. Il sait ce qu’il ne veut pas. « Mais je ne savais plus trop quoi faire de ma vie ». Le Montpelliérain prend son balluchon, décroche un Working Hollidays Visa et se loue dans les fermes pendant un an, à l’autre bout du monde, en Australie. Il récolte poivrons, aubergines, céréales, et des kilos d’amitiés coréennes, italiennes, irlandaises, espagnoles… une tour de Babel au pied des champs de coton ou de canne à sucre. « Parmi les plus belles années de ma vie ». Avec ses 6000 euros d’économie, il se balade en Thaïlande, à la Réunion, sur l’Ile Maurice, tente un retour en France. Mais il n’a pas étanché sa boulimie d’aventures. Il part en Espagne et y reste deux ans, toujours financés par des petits boulots.
Cinq années de baroud
Après ses cinq années de baroud, il est prêt à rentrer à la maison. Il trouve à la France de nouvelles vertus. On n’y est pas si mal en définitive. « Il y a de belles choses à prendre partout dans le monde mais en France, on est quand même privilégié et l’herbe n’est pas automatiquement plus verte ailleurs. J’avais à nouveau envie de vivre chez moi ». Mais toujours pas entre quatre murs aseptisés. Et puis, le fonctionnement des labos l’a choqué. « J’y avais une espèce de mal être quand je voyais ce que l’on gaspillait pour nos fameuses expériences ». Le soir, il quitte des pièces aux ordinateurs ronronnant en permanence, inondées de lumière artificielle, les robinet suintent. « Tout ça pour en ressortir des théories qui ne serviraient peut être à rien, pourtant je bossais sur la chimie verte. Mais j’avais l’impression que l’on pouvait utiliser cette manne financière pour des petites actions avec des effets visibles, plus concrètes, plus sociétales. Mais je ne savais même pas qu’il y avait des métiers liés à cela. En fait, je voulais du terre à terre ».
« J’essaie d’avoir une influence positive »
Il fait un bilan de compétences, reprend ses études en alternance, un master de responsable QSE ou qualité sécurité environnementale. Il se forme aux audits, aux normes référentielles, à la mise en place de démarches qualité et atterrit sur la planète Primum. Le stage débouche sur une embauche en tant que consultant, il y a trois ans. « J’y trouve mon compte en voyageant à travers la France. C’est très pragmatique et pour le coup, qu’il s’agisse de relations humaines ou de mise en place d’actions, on en mesure l’impact à court ou moyen terme. Et puis à mon petit niveau, j’essaie d’avoir une influence positive, également sur moi et cela me plaît, cette forme de développement personnel ».
Son père, salarié à la Direction départemental du territoire et de la mer, amoureux de la forêt, l’emmène en montagne. Il grandit dans le respect du silence, de la marche, de l’observation. Sa sensibilisation intrinsèque à l’écologie s’épanouit chez Primum. Ce viandard diminue drastiquement sa consommation, révise son alimentation. « Pour l’impact sur l’environnement mais aussi au niveau de la santé ». Dans les rayons des magasins, il ausculte les compositions des aliments et dans sa salle de bain, scanne les crèmes de soin de sa compagne. L’application Yuka devient sa meilleure amie. Il se déplace en train et en vélo, a vendu la seconde voiture du couple. Au bureau, il prépare soigneusement sa gamelle, coupe ses légumes aux petits oignons.
Son basket ne s’en porte que mieux. Depuis l’âge de huit ans, il promène ses 1,82m sous les paniers, en tant que meneur. Se dépense sans compter, la seule exception à son train de vie mesuré.