Les sentinelles de la RSE
Être bien pour les autres
Au 4e étage du CHU Ambroise-Paré, à Mons (Belgique), se niche la Clinique de la Fertilité dirigée depuis 2004 par le Dr Jean-François Simon, gynécologue formé en médecine de reproduction. Sa curiosité pour la médecine a commencé très tôt.
« Dès l’âge de 6 ans, quand j’ai appris à lire, je regardais les livres de médecine, je trouvais intéressant de savoir comment on fonctionnait ».
Mais rien n’est simple chez cet homme au parcours un peu singulier. Il est en filière économique, son professeur le voit déjà trader. Conforté par son professeur de français, le jeune Jean-François Simon se dit qu’il a tout à prouver, que tout est possible et que la vision économique « ne colle pas avec la vision qu’il a de sa vie ». Adieu le latin qui ne lui convient pas. Sans les versions latines, il se sent plus libre. Mais avec, toujours, ce besoin de combler son existence qui le cheville au corps et qui le conduit vers une vision plus actuelle de la société.
« Comprendre les autres au travers de leur milieu de vie »
Voilà ce qui le passionne. Résultat, sept ans de médecine et la psychiatrie qui le tente bien.
« Après avoir choisi la gynéco, j’ai été dirigé vers la médecine de reproduction par mon chef de service. Pour moi tout était bon à prendre et comme je ne connaissais pas ce domaine, il avait pour moi un intérêt scientifique, me permettait de découvrir une facette du métier de gynéco qui n’est pas forcément accessible à un grand nombre dans mon réseau de formation.Je suis tombé dedans et j’ai adoré » !
Il est vrai que ce domaine est très « médico-psy ». Satisfait Dr Simon ?
« Oui mais il faut relativiser parce que souvent on considère la médecine de reproduction comme une médecine qui permet à des personnes, incapables de se reproduire, d’obtenir une grossesse. La réalité est un peu autre parce que, en réalité, ce que nous faisons, c’est probablement de leur faire gagner du temps. Dans l’absolu, pour beaucoup de couples, s’ils attendaient, la grossesse arriverait probablement d’une façon naturelle. Mais, bien sûr, si la conception de la famille est de plusieurs enfants, le fait de n’en avoir qu’un peut être une souffrance. Dans ce cas, gagner du temps est très important pour eux. Accompagner mes patientes, voir évoluer leur grossesse, c’est juste magnifique » !
Boulimique de savoirs, toujours, le Dr Simon porte donc différentes casquettes. Parmi elles, celle du management.
« La législation Belge de 2007 nous a imposé de mettre en place un système de management qualité dans les hôpitaux. Je ne connaissais rien à ce domaine ».
Qu’à cela ne tienne, le Dr Jean-François Simon est allé à la faculté polytechnique pour suivre pendant un an un cursus spécifique dans ce domaine, passer l’examen, faire un mémoire et obtenir son diplôme. Aujourd’hui, il explore les différentes facettes du métier de médecin : gestionnaire d’une banque de matériel corporel, membre du comité qualité hospitalier, vice-président du Conseil médical) et de l’Université Libre de Bruxelles (assistant chargé d’exercice). Vous avez dit boulimique ?
Il avoue ne pas être un grand dormeur, et le week-end qu’il essaie de charger le moins possible le côté professionnel, il n’est pas rare que, sur les coups de 6 h du matin, il travaille avant le réveil de la maisonnée…
« Jusqu’au moment où les enfants se lèvent et mon temps leur est consacré pour leurs devoirs, les courses, les activités familiales ».
Ce non sportif, un peu soupe au lait, qui peut s’emporter assez vite mais qui précise-t-il, a appris à maîtriser, est un gourmet qui aime faire la cuisine, qui a pris des cours de théâtre, qui écoute Radiohead, la musique contemporaine, la musique classique et le jazz le stressent, se nourrit non pas de romans mais de livres de philosophie. Se confronter à la théorie bergsonienne du temps. Ah le temps !
« Le décompte du temps est lancé dès le jour de la conception ».
Un silence puis :
« que met-on dans sa vie pour être classe humainement ? Essayer d’être bien pour les autres »…
Il avait pensé un temps choisir la psychiatrie mais ce nostalgique du temps qui passe ne regrette pas.
« Dans la médecine de reproduction, l’abord patient est plus de l’ordre de la psychologie. C’est assez prenant ».
Une occasion de pratiquer une qualité essentielle à son métier, l’empathie.
Propos recueillis par Véronique Molières