Les Sentinelles de la RSE / Agence Primum non nocere
Guillaume Thébault, étudiant en agronomie en Suisse a réalisé à l’âge de 17 ans le documentaire « Futur d’espoir » sorti au cinéma en mars 2018.
« Commencer par agir sur soi-même »
Quel a été le facteur déclencheur qui vous a poussé vers l’écologie ?
C’est une succession d’étapes dans mon éducation. D’abord, mes parents ont décidé de venir vivre en Haute-Savoie. J’ai donc grandi à la campagne avec ma sœur. J’ai suivi ma scolarité dans une école Steiner (pédagogie alternative) dans laquelle j’ai eu durant plusieurs années des cours de jardinage. Par la suite, j’ai choisi le thème de l’agriculture pour mon travail théorique de fin de scolarité, et le film a été mon travail pratique. Au départ, je voulais parler des solutions alternatives à l’agriculture intensive à travers des témoignages courts pour mes camarades de classe. Et puis le projet est devenu un film d’une heure trente qui est sorti des murs de l’école. La diffusion au cinéma était inattendue.
Quel sens donnez-vous à votre démarche ?
Le film est l’élément déclencheur de nouvelles étapes. Je suis heureux d’avoir pu le faire mais il reste des paroles et ne change pas la phase du monde. Aujourd’hui, il y a une urgence telle qu’il faut agir. Aller vers des agricultures agro-sylvo-pastorales est le choix nécessaire. Il faut opter pour une agriculture résiliente afin d’assurer le plus possible l’autonomie alimentaire. Pour ma part, je vais commencer par suivre des études d’agronomie à la rentrée prochaine. Ensuite, je ne sais pas encore ce que je ferai. Je ne me projette pas uniquement dans le militantisme mais aussi dans l’action constructive. Le militantisme est nécessaire et, en même temps, il faut aussi construire dans le monde dans lequel nous voulons vivre. J’ai envie d’être dans une énergie positive et de création. En 2018, j’ai créé une chaine sur youtube sur le potager afin de casser les codes et de créer l’envie chez les jeunes de mettre les mains dans la terre. L’idée est de montrer que l’on peut subvenir à ses besoins, assurer l’autonomie alimentaire d’une famille avec son potager.
Quels sont les principaux enjeux sur lesquels il faut agir en 2019 ?
Il est difficile de hiérarchiser. Chaque secteur est lié à l’autre. L’agriculture est un levier important car elle a une énorme capacité de stockage du carbone. C’est aussi un énorme enjeu afin de déterminer comment nourrir les habitants de la planète. Il faut revenir à une agriculture locale. À titre personnel, je suis devenu végétarien il y a quatre ans, et ma famille a suivi.
Qu’auriez-vous envie de dire à d’autres pour leur donner envie d’agir ?
Ne pas se questionner ni reconnaître l’urgence climatique, c’est une façon de se protéger. C’est compréhensible. Mais ce qui me semble nécessaire, c’est de commencer à agir sur soi-même. Il faut agir sur sa propre consommation bien sûr, et accepter de tout remettre en question, de considérer que l’on fait intégralement partie du problème. Il faut s’interroger sur notre mode de vie, sur les impacts de nos choix, sur la qualité plus que sur la quantité. Pour moi, c’est une remise en question de mon idéal de vie. Nous avons besoin d’une révolution intérieure de chacun.
Propos recueillis par Isabel Soubelet (isabel.soubelet@sfr.fr)
Pour en savoir plus sur le film :https://futurdespoir-lefilm.com/
Pour en savoir plus sur la chaîne GinkGo : https://www.youtube.com/channel/UCy2HNMSVEftdZq7djYWdQ7Q