Les Sentinelles de la RSE / Agence Primum non nocere
Charlotte Cedo, directrice générale du groupe E4
« Le développement durable est fédérateur et porteur pour les équipes »
Quel est votre rôle au sein du groupe ?
Je suis directrice générale d’un groupe familial situé à Juvignac dans l’Hérault qui réalise un chiffre d’affaires de vingt millions d’euros. Nous intervenons dans quatre domaines : le médico-social et l’aide à domicile, le digital et le marketing, le tourisme premium et l’agroécologie. Le pôle médico-social constitue notre principale activité. Nous avons quatre Ehpad et un service d’aide à domicile.
Comment êtes-vous venue à la RSE ?
La RSE (1) est une volonté politique des gérants du groupe E4, Jean-Claude et Michèle Tomas. Il était pour eux impossible de continuer à impacter et à polluer. Le Groupe E4 a ainsi décidé de faire de la RSE son fils conducteur entre ses différentes filiales. Cela a nécessité des investissements humains et financiers. Pour ma part, je suis arrivée dans le groupe en 2010 en tant qu’apprenti avec en poche un Master 2 « Gestion des établissements de santé » où la RSE était abordée, et un Master 2 « Gestion des ressources humaines ». Et il est évident que la responsabilité sociale et sociétale est aussi au cœur des ressources humaines.
Quelle a été la première action que vous avez mise en place ?
Mon premier dossier à organiser et gérer a été celui des déchets et des achats. Nous étions tous sensibilisés à titre personnel à l’accumulation des ressources achetées et consommées. Il fallait agir. J’étais convaincue que c’était le bon moyen d’aborder la RSE et l’angle à suivre pour toute la gestion de l’entreprise. Cette démarche permet ainsi d’expliquer aux salariés pourquoi ils font les choses et non d’avoir un management qui leur impose de faire les choses d’une certaine manière.
Quel sens donnez-vous à votre démarche et votre engagement ?
Le développement durable est fédérateur en termes de management. Il permet de structurer la gestion au sens large de toute l’entreprise et ce dans tous les domaines. C’est le point de départ d’une démarche qualité très poussée. Il permet de mettre en place une gestion vertueuse de l’entreprise dans sa globalité : la valorisation des déchets, le bien-être et la satisfaction au travail, l’optimisation des achats. Quand on mène une action, on ne se pose pas la question de la RSE. La démarche est ancrée dans nos pratiques et nous avons un réel retour sur investissement. Nous avons engagé des diagnostics énergétiques et nous avons réalisé des économies dans de nombreux domaines.
Pouvez-vous donner des exemples d’actions que vous menez au quotidien ?
Notre dernière action est de ne plus utiliser de produits chimiques pour le nettoyage. Sur chaque site, nous avons mis en place en location une centrale de dilution où nous fabriquons notre propre produit détergeant et désinfectant. Cela permet de réduire les allergies, les problèmes dermatologiques aux mains, les accidents et les arrêts de travail. Et dans le même temps, cela améliore l’ergonomie des postes de travail et le bien-être des collaborateurs.
Quels sont à votre avis les enjeux prioritaires en matière de développement durable ?
Sur les Ehpad, nous sommes dans une phase de consolidation de toutes les actions mises en place jusqu’à aujourd’hui. L’objectif est d’avoir le même niveau de performance environnementale. Ma priorité est de réduire nos émissions de gaz à effets de serre. Et à titre plus général, il faut que la société toute entière change et s’adapte aux enjeux de notre génération en utilisant des énergies propres. Il faut que chacun, à son niveau, avec ses propres moyens, change de mentalité. C’est ce qui est le plus long et le plus difficile. Il faut s’entendre au niveau sociétal pour aller dans le même sens et relever ce défi. Je reste persuadée que l’humain est capable de choses extraordinaires.
Qu’auriez-vous envie de dire à d’autres pour leur donner envie d’agir ?
Au départ, se lancer dans le développement durable demande un investissement intellectuel, humain et financier. Il faut aussi de l’ingénierie pour acquérir des outils et des méthodes. Une fois intégré, cela permet de travailler de manière plus structurée, avec des audits et un suivi des actions menées. Les retours sur investissements sont rapides, à court et moyen termes. On en sort grandi sur le plan personnel et professionnel. Et le développement durable est vraiment fédérateur et porteur pour les équipes.
Propos recueillis par Isabel Soubelet (isabel.soubelet@sfr.fr)
https://www.groupe-e4.com/developpement-durable/