Dr El Mahdi Hafiani : « Vivable et viable, deux mots importants selon moi »
Le développement durable ne peut se développer que selon ces deux notions dans l’avenir
El Mahdi Hafiani
Né au Maroc à Casablanca, le docteur « Medhi » Hafiani a ensuite grandi à Marrakech où il fait toutes ses études élémentaires. Son baccalauréat en poche, c’est à Paris qu’il décidera de faire ses études de médecine, au départ attiré par réanimation.
Appelé Mehdi durant tout son parcours, c’est en tant que El mahdi (prononciation exacte en arabe) que l’état civil Français l’enregistre. Le changement, la traduction et l’adaptation font donc déjà partie de son univers et ce n’est que le début de l’aventure pour cet explorateur de nouvelles pratiques du domaine de la santé.
C’est la transversalité dans son domaine médical qu’il trouvera fascinant, la bipolarité réanimation – anesthésie, deviendra alors une sorte de fascination.
« Il faut une bonne réanimation pour être bon anesthésiste et il faut de l’anesthésie pour être un bon réanimateur. »
El Mahdi Hafiani
Quand la médecine péri-opératoire étend dans son champ d’activité, c’est toujours en scientifique mais aussi avec sa double approche de pensée orientale et occidentale qu’il apporte ses compétences et sa vision. Dorénavant tout acte avant, pendant et après l’opération est pris en compte et c’est bien cela qui compte selon lui, le suivi intégral du process opératoire.
Si la médecine péri-opératoire commence à peine à prendre, avec beaucoup de progrès depuis quelques années, il en reste de nombreux à faire dans les années à venir surtout dans les adaptations spécifiques à chaque pathologie.
La médecine opératoire le passionne tout autant que le développement durable, deux sujets sur lesquels il se positionne et devient intarissable. Si on sent le passionné, on écoute aussi l’expert car il possède une grande faculté de communication. Simple, précis et sans trop en faire, il manifeste les qualités évidentes d’un anesthésiste soucieux du développement durable finalement.
La SFAR
Son aventure à la SFAR (Société Française d’Anesthésie et de Réanimation) commence avec Jane Muret dès la fondation du groupe en 2016. Il fait partie de la dizaine de personnes à l’époque qui suivent cette fameuse praticienne à l’Institut Curie, pionnière dans la thématique du développement durable en santé. Avec bienveillance, à la fin de son mandat, elle passe le relais au docteur Mehdi Hafiani, le groupe passant au statut de comité.
« J’espère faire aussi bien que Jane sur son mandat » déclare t’il alors.
« L’approche Française du développement durable est très particulière. Nous n’avons pas encore fait d’évaluation de l’impact environnemental de notre système de santé comme beaucoup d’autres (États-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Canada, Japon…). J’espère que cela se fera dans les deux ans à venir et j’y travaille actuellement.»
El Mahdi Hafiani
Sur la recherche fondamentale, il faut savoir que les États-unis, l’Australie ou l’Angleterre possèdent un peu d’avance. En revanche la France devrait profiter de ce retard en puisant dans les données de cette recherche et ainsi promouvoir des passage à l’action plus rapides.
« J’ai l’impression qu’il y a plus d’actions à l’échelle Française, qu’à l’échelle internationale »
El Mahdi Hafiani
Depuis le début la SFAR édite déjà des fiches et des référentiels (gaz anesthésiques, énergie au bloc opératoire ,gestions des déchets, choix entre usage unique ou réutilisable).
Mais c’est cette année, avec le CERES (Collectif d’Eco Responsabilité En Santé), que devrait bientôt sortir un référentiel à l’échelle globale du bloc opératoire.
« Il faut s’intéresser en profondeur au matériel chirurgical, à la désinfection des sols, la qualité de l’air, etc… »
El Mahdi Hafiani
« Il faut s’intéresser en profondeur au matériel chirurgical, à la désinfection des sols, la qualité de l’air, etc… »
Le référentiel peut alors devenir un outil efficace d’action. Il utilise la méthode scientifique Grade, basée sur les publications des vingt dernières années en santé, pour établir une gradation permettant aux experts de prendre une décision tranchée.
El Mahdi Hafiani
« S’il est normal de faire passer la sécurité du patient avant les décisions environnementales, je sais que l’on peut clairement associer les deux. Avoir une véritable conception écologique et environnementale d’un soin nous permettra de promouvoir la qualité de ce soin.»
Les aspects sociaux et économiques entrants aussi en compte, c’est ainsi que le docteur Hafiani considère qu’un projet pourra être porteur et efficace dans les années à venir.
« Vivable et viable, deux termes fondamentaux du développement durable en santé qui pourront simplifier la vie du soignant et la vie du patient. »
El Mahdi Hafiani
Avec confiance et un engagement fort, il espère que
son travail permettra que le risque environnemental et sociétal puisse faire
partie intégrante de la pratique de soins en général.
Les aspect sécuritaire en médecine péri-opératoire qui sont l’évaluation du
risque et la prise de décision en fonction du risque doivent être élargis. La
sécurité du patient bien entendu, mais plus loin encore, celle du personnel de
santé, des soignants et de l’environnement sont les points sur lesquels le
Président du Comité Développement Durable de la SFAR informe, insiste et lutte
au quotidien. Il espère actuellement que dans les 5 ans à venir l’ensemble de
ces mesures seront alors appliquées sur le territoire.
« Concernant les gazs anesthésiques, on plaide désormais pour le bon usage ».
El Mahdi Hafiani
Si l’actualité en parle beaucoup, il est évident que certaines molécules pourtant polluantes ont un intérêt pour le patient, il faut donc apprendre à en faire un usage raisonné et raisonnable et c’est en cela que le changement est à faire : dans les méthodes d’administration plus que dans les produits eux-mêmes.
Aux sources de ses inspirations
LIVRE INSPIRANT: L’entrée dans l’ère écologique - Edgar Morin.
« Un chef d’œuvre en la matière, car il pousse à une réflexion en profondeur depuis les pensées de Descartes à l’art d’apprivoiser la nature. C’est un excellent ouvrage »
El Mahdi Hafiani
PERSONNAGE OU PERSONNALITÉ INSPIRANTE : Jacques-Yves Cousteau.
« On peut aimer ou pas le personnage mais il a été un pionnier à soulever le problème environnemental et à matérialiser l’anthropocène pour le grand public. »
El Mahdi Hafiani