Les Sentinelles de la RSE / Agence Primum non nocere
Chantal Giannoni, directrice de la crèche A Casa di Rosa située dans le village d’Oletta en Haute-Corse.
« Une femme engagée dans l’écologie pour les tout-petits »
Quelles sont les spécificités de votre site ?
Je dirige avec une équipe de 12 personnes la crèche municipale qui compte 30 berceaux. Nous sommes en milieu très rural, excentrés de Bastia, et j’ai pris la direction du site dès son ouverture en 2006.
Comment êtes-vous venue à la RSE ?
La première réflexion s’est portée sur les produits d’entretien qui procuraient des maux de tête et des irritations de la gorge. Cela a vraiment été le facteur déclencheur. Et quand vous vous engagez dans cette démarche, il n’est plus possible de revenir en arrière. Nous les avons donc supprimés au profit du vinaigre blanc, du bicarbonate et du savon noir.
Quelle a été, selon vous, l’action exemplaire que vous avez mise en place au sein de la crèche ?
Grâce à mon adjointe, Serena-Rancurel, déjà très impliquée et très engagée à titre personnel, je suis passée à la vitesse supérieure. Et nous avons enclenché le principe de l’utilisation des couches lavables. Au début, cela n’a pas été facile de faire passer le message, les réticences étaient nombreuses. D’un côté, les parents avaient des craintes pour l’hygiène, et de l’autre, les membres de l’équipe avaient peur de la surcharge de travail. Il a fallu du temps, mais aujourd’hui je n’ai plus aucun parent qui vient me poser des questions à ce sujet. Nous avons montré que la démarche était sûre grâce des prélèvements réguliers sur les couches comme cela se fait en milieu hospitalier, et nous avons réduit drastiquement nos déchets en évitant de jeter 6 tonnes de couches par an. C’est une action exemplaire car elle a montré des résultats sur la santé publique et sur l’environnement. Et notre démarche a été reconnue avec la labellisation écolo-crèche de l’établissement en 2018.
Quel sens donnez-vous à ces actions menées au quotidien ?
Elles s’inscrivent dans une notion d’éthique humaine et écologique. Dans mon parcours professionnel, j’ai beaucoup enseigné la bienveillance éducative, sociale et pédagogique. Le respect de l’enfant, de l’humain, de la nature, c’est tout cela qui mène à l’écologie. Nous travaillons avec bienveillance et bientraitance. Et même dans les activités proposées aux enfants, nous insistons sur le respect de l’autre, de la nature, la découverte et l’empathie.
Quels sont les principaux enjeux et les actions urgentes à mener en 2019 ?
La priorité ce sont les déchets. Nous n’avons d’ailleurs plus de matériel jetable -coton de nettoyage, couches, biberons en plastique- à l’exception des essuie-mains. Nous utilisons des serviettes éponge en coton bio attribuées à chaque enfant, du savon de Marseille éco-labellisé. Et nous servons des repas 100 % bio. L’autre enjeu, c’est la suppression des plastiques. Nous avons banni les bouteilles en plastique au profit d’un filtre à eau en céramique pour éliminer les bactéries. Le prochain chantier, pour moi, ce sera la création d’une cuisine centrale pour réaliser des repas bio sur place pour la crèche et l’école.
Qu’auriez-vous envie de dire à d’autres pour leur donner envie d’agir ?
Ce n’est pas compliqué, tout le monde peut le faire, il suffit de le vouloir. Nous avons le devoir de le faire car il ne s’agit plus de l’avenir de nos enfants mais bien du présent. Il ne faut pas avoir peur du changement, il faut l’accompagner et accompagner son équipe. Je suis toujours là avec mon adjointe pour redire et expliquer les attitudes à adopter. Et puis, nous avons eu la chance d’être soutenu dès le début et de manière durable, par Jean-Pierre Leccia, le maire de la commune.