Directrice, Hôpital de Pézenas
A l’origine pharmacienne, praticienne hospitalière, issue d’un milieu scientifique, Catherine a baigné dès son plus jeune âge dans la culture scientifique et naturaliste. Tiraillée par la « schizophrénie de son métier avec la chimie d’un côté et une approche plus durable de l’autre », elle opte dans un premier temps pour un D.U. DD en Santé, puis dans un second temps par la mise en place d’une approche plus responsable au sein de son activité professionnelle, sur la pollution environnementale des médicaments…
« Je devais trouver un alignement entre mes convictions personnelles et mon exercice professionnel. »
Catherine Fauzan
Elle reprend une étude suédoise sur les dangers environnementaux des médicaments et la transpose à son échelle en entamant des actions avec dosage, traçabilité, évaluation des rejets dans la station d’épuration de proximité…
« En 2008, les suédois avaient déjà établi une démarche consensuelle sur les bonnes molécules pour les bonnes pathologies, avec un rapport bénéfices/risques favorable. Ils avaient créé une liste blanche de médicaments efficaces et sécures pour les patients et aussi pour l’environnement en classant les molécules selon l’indice PBT (persistance, toxicité dans l’environnement, et bioaccumulation dans les organismes aquatiques, etc.) »
Catherine Fauzan
Forte de cette expérience, Catherine a transposé ce “hazard score“ à l’utilisation des médicaments au sein de l’établissement où elle exerce, en proposant aux médecins de changer leurs prescriptions au vu des résultats de dangerosité.
« Dans nos achats aussi, nous avions évolué pour préférer telle molécule plutôt que telle autre à efficacité clinique équivalente. En 2013, nous étions un peu précurseurs ».
Catherine Fauzan
Avec des doctorants de l’université de Nîmes, elle poursuit son engagement en évaluant les effluents, en étudiant la présence des molécules et leur volume contenues dans les eaux usées….
« La résistance aux antibiotiques est due à un usage trop important et aussi parce que l’environnement pollué héberge des bactéries devenues résistantes aux antibiotiques par cet usage intensif et nous les renvoie au travers de nos activités et consommations courantes. »
Catherine Fauzan
Cette réflexion globale a permis d’ajuster le bon usage du médicament, la qualité de la prescription. Pour un établissement de gériatrie comme le sien, il était important de prendre en compte la iatrogénie médicamenteuse et donc de limiter la consommation médicamenteuse… Pour réussir tout cela, il a fallu d’abord présenter le projet en CME en insistant sur les enjeux, en le faisant apparaître sur le livret thérapeutique de l’établissement. Depuis, Catherine est souvent sollicitée lors de séminaires ou formations pour diffuser et valoriser sa démarche… Elle est une référence sur les résidus médicamenteux et partage avec générosité son savoir-faire !
« Un truc facile à faire : scanner toute la chaine du circuit du médicament, de l’approvisionnement jusqu’à l’usage puis le déchet, pour voir à quel endroit il est possible d’agir pour minimiser les impacts environnementaux, éviter les gaz à effet de serre… Ainsi, on peut limiter le nombre de livraison, optimiser les stocks, lisser la dépense dans l’année, dégager du temps au personnel pharmaceutique, sécuriser les bonnes pratiques (ne pas mélanger les médicaments dans la nourriture, adapter les formes galéniques aux troubles de la déglutition), recycler les médicaments non utilisés, organiser du tri sélectif, etc., autant de petits gestes qui finalement font bouger les curseurs environnementaux et sociaux… »
Catherine Fauzan