Pharmacien Praticien hospitalier au CH de Cannes Simone Veil
« Référente MNU[1] »
Pure Cannoise, elle rejoint l’hôpital de Cannes en tant que pharmacien en 1987. Très tôt et très naturellement, elle intègre dans sa vie personnelle les bons réflexes : tri des déchets, osmoseur adoucisseur d’eau, nourriture locale, etc. Au sein de l’hôpital, dès qu’elle obtient un peu de disponibilité́, elle décide de se consacrer aux échantillons envoyés pour les appels d’offres :
« J’étais choquée de voir ces tonnes d’échantillons. Nous avons donc commencé par faire du tri avec notre cadre : faire des dons aux médecins qui partaient en mission humanitaire et à l’IFSI[2] pour que les étudiants manipulent (…) Dans les années 90, Cyclamed acceptait tous les MNU des établissements de santé mais ce n’est plus le cas. Nous devons éliminer dans les DASRI[3], les MNU classiques, ce qui représente un coût financier pour les hôpitaux. »
Sylvie Chaton
Dès 2014, elle décide de faire des pesées.
À partir des années 2000, constatant l’accumulation de médicaments périmés, cumulée aux échantillons destinés à être jetés, elle entame une réflexion sur la gestion des échantillons et des périmés du Plan Blanc.
« Il a fallu sensibiliser les personnels, pour que ces médicaments périmés ou non utilisés se retrouvent dans les DASRI plutôt que dans les ordures ménagères, dans les éviers ou lavabos, etc. Les stations de traitement des eaux usées ne retenant pas les médicaments, ils se retrouvent en milieux aquatiques polluant les cours d’eau, la mer, les poissons et les crustacés que nous consommons. »
Sylvie Chanton
Nathalie Ronzière l’entraîne en 2014 dans son sillage pour s’intéresser à l’indice PBT[4] et réfléchir aux gels lavants pour bébés utilisés à la maternité. Là encore, sur son temps personnel, elle compare les différentes compositions chimiques des produits fournis gratuitement.
« A force de persévérance, les indices PBT disponibles sont rentrés dans notre livret thérapeutique et les gels lavants sont passés de 10 à 3 en 2017. Ainsi, de nombreuses formules contenant des ingrédients non souhaitables pour les nouveau-nés ont été éliminées, malgré́ des pressions importantes des laboratoires ».
Sylvie Chanton
En 2019, la décision se porte sur l’achat d’un seul gel lavant Bio.
Pour la maternité́ et la salle de naissance, Sylvie met en place des boîtes récupératrices de MNU qui, une fois pleines, sont descendues à la pharmacie pour être pesées. En 2023, plus de quinze services possèdent une boîte, permettant une vision concrète des MNU jetés dans les DASRI.
Son souhait :
« J’aimerais qu’un système comparable à Cyclamed voie le jour pour les MNU des établissements de santé, que chaque médecin puisse “dé-prescrire“ et que nous réduisions tous notre consommation de médicaments ».
Sylvie Chanton
Sylvie ne baisse pas les bras, son combat est toujours d’actualité́. Certains établissements ont pris la décision de mettre leurs MNU dans les ordures ménagères (DAOM) afin d’être incinérés :
« Pour moi, c’est inconcevable qu’à la maison les agents doivent rapporter leurs MNU à leur pharmacien d’officine et sur leur lieu de travail soient tenus de faire l’inverse ! »
Sylvie Chanton
Son conseil :
« Pour devenir vraiment efficace en développement durable et mobiliser l’ensemble des acteurs, il faudra du personnel formé et du temps dédié. »
Sylvie Chanton
[1] Médicaments Non Utilisés
[2] Institut de Formation en Soins Infirmiers
[3] Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux
[4] Persistance, Bioaccumulation et Toxicité