Les sentinelles de la RSE
La curiosité, une sacrée qualité !
Rudy Taïb a le rire enthousiaste dans la voix. Derrière cette voix claire, un parcours dense ! Une double maîtrise en relations internationales et sciences politiques, des jobs d’étudiants, chef de rang, maître d’hôtel, dans des hôtels de luxe, un moyen de nourrir ses désirs de voyage. Un DES à la Sorbonne en stratégie touristique pour l’implantation de grands groupes d’hôtels, un MBA en business international en poche, et il est recruté comme « office manager » par la plus grosse agence américaine de photographes de mode. Suivront des missions pour un cabinet d’expertises comptables et d’autres postes de directeur administratif et financier. Il jongle avec les chiffres, met en place les tableaux de bord d’entreprises qu’il restructure…
« Je n’aimais pas la comptabilité, mais lorsque celle-ci est appliquée à l’entreprise, elle devient fantastique. Son indispensable réalité permet de piloter l’entreprise, de prendre les bonnes décisions ! J’ai trouvé ça passionnant ».
Rudy Taïb
Mais attention, lorsque Rudy Taïb commence à tout maîtriser, il s’ennuie. Et l’ennui, il déteste. Cet homme fonctionne à la curiosité. C’est son moteur, c’est elle qui lui donne l’envie d’apprendre, de prendre le temps d’observer et de découvrir. Un chemin qui passera aussi par la restructuration de plusieurs pharmacies. Avec cette dernière expérience, le timing était parfait, il était prêt pour le poste de directeur financier à l’Hôpital Privé Nord Parisien de Sarcelles, connu pour sa politique de développement durable. Cette fibre « durable », il l’a toujours eue mais sa rencontre avec Olivier Toma (Agence Primum Non Nocere) et Franck Paule (le référent DD de l’hôpital) comble sa curiosité.
« J’ai eu cette grande chance, cette opportunité qui m’a donné une envie supplémentaire de me lever tous les matins. Se servir des données et des chiffres pour le développement durable est particulièrement enthousiasmant. Si nous devons investir dans des projets DD, il faut qu’il y ait un retour sur investissement, financier ou immatériel. Dégager une rentabilité est la meilleure façon de convaincre les autres de faire de même ».
Rudy Taïb
À son arrivée dans l’établissement, il y a 5 ans, des choses exceptionnelles avaient déjà été faites : la façade double peau autour du bâtiment pour l’isolation thermique et la toiture solaire, mais sans communication. Or, l’homme-orchestre Taïb, excelle dans ce domaine et prend en main les réseaux sociaux de l’hôpital.
« Il faut montrer que ce que l’on a pu faire à notre échelle, tout le monde peut le faire ».
Rudy Taïb
L’homme des chiffres reprend sa casquette…
« Tous nos projets « durables » ont été vus sous un prisme de RSI. Si j’installe des panneaux solaires, je sais qu’en 7 ans, ils sont rentabilisés. Je mets des capteurs de luminosité au niveau de mes prises et le RSI se retrouve immédiatement sur les factures d’électricité ».
Rudy Taïb
Le développement durable c’est être centré sur l’humain : les patients et le personnel. Comment se sentent celles et ceux qui travaillent 8 à 9 h à l’hôpital ? Que peut-on faire pour améliorer leur bien-être ? C’est un RSI immatériel à calculer.
« Cette façon de faire a trouvé une résonnance en moi. Faire des réunions mensuelles pour créer une dynamique, une identité, un esprit d’équipe, avoir des salariés fiers de leur établissement, ce retour-là est exceptionnel ».
Rudy Taïb
Avec, toujours, c’est essentiel pour Rudy Taïb, de belles valeurs. Et quand l’humain innove…
« C’est vrai que j’ai une appétence énorme pour l’innovation, elle est essentielle si on veut aller plus loin dans le développement durable… » !
Rudy Taïb
Être au fait des innovations ? L’expérience Taïb est là ! Tout naturellement en créant un pôle spécialisé et en se liant avec le plus gros accélérateur de start-up d’Europe, Wilco.
« Depuis trois ans, nous avons accès aux nouvelles start-up qui travaillent dans la santé et le bien-être durable. Nous allons peut-être, un jour nous voir proposer des couveuses sans plastique… ».
Rudy Taïb
Alors oui, l’emploi du temps Taïb est serré. Ne l’appelez pas avant 9h30, son planning commence après avoir emmené son grand de 4 ans tous les matins, à l’école et deux fois par semaine, ce sportif, il pratiquait le hand ball, « fait » piscine à l’heure du déjeuner. Le travail toujours mais en musique « jazzy mais aussi musiques du monde, bossa-nova… ». En réalité, ce polyvalent éclectique à tendance « impatience », ne semble pas avoir une minute de libre pour regarder les abeilles des ruches de l’hôpital qui butinent en contrebas de son bureau. Mais les étiquettes pour traquer les compositions des produits, le green washing, oui ! Un vœu ?
« Nous participons à l’amélioration de la planète. C’est une prise de conscience globale et le développement durable doit faire impérativement partie du quotidien. La théorie des petits pas est importante et à tous les niveaux ! »
Rudy Taïb
Propos recueillis par Véronique Molières