Les sentinelles de la RSE
Erick Euvrard*, la force tranquille
*Co-fondateur du groupe de formation Keatis
Erick Euvrard est comme un chat. Il a eu plusieurs vies au cours desquelles ce diplômé de l’Essec a repris des entreprises dans plusieurs secteurs et beaucoup recruté. C’est ce qui l’a motivé pour constituer il y a cinq ans, avec son associé Pierre Macquet, un petit groupe de formation professionnelle. Spécialisé dans les métiers de la beauté et du bien-être (esthétique, coiffure, spa…), Keatis compte à ce jour cinq écoles à Paris, Lille et Thionville.
« Nous pensions pouvoir apporter un éclairage nouveau sur ce métier »
explique l’entrepreneur, qui s’ingénie à développer méthodes de travail et contenus de cours en phase avec les besoins des employeurs.
« Notre leitmotiv, c’est d’aider nos élèves, jeunes et moins jeunes, à réaliser leur projet professionnel (salariat, auto-entreprise, création d’entreprise…). »
Et ça marche ! En 2019, sur les près de 1 000 élèves ayant fréquenté ses établissements (en formation initiale ou continue), une large majorité a décroché un emploi (CDI ou CDD) dans les trois mois. Et en 2018, séduit par l’approche qui fait écho à ses valeurs d’accompagnement des femmes, le groupe Marie-Claire a pris des parts dans le capital. Tout allait donc pour le mieux dans le monde des laques et des vernis, jusqu’à ce que la Covid vienne tout chambouler.
« Il a fallu d’urgence réfléchir à la mise en place d’un protocole sanitaire solide au sein de nos établissements. On avait des idées, mais la Covid est un sujet trop grave, on a préféré faire appel à des experts pour ne pas prendre de risque. »
Et comme dans une vie antérieure, dans le secteur exigeant qu’est celui de la santé, Erick Euvrard avait rencontré Olivier Toma, il s’est empressé de le contacter. L’idée de combiner à cette occasion prévention sanitaire et approche environnementale s’est naturellement imposée. Composants toxiques, emballages, blouses en coton éthique, vernis bio… tous les sujets seront passés au filtre de l’environnement, par le biais de cours et de conférences permettant à chacun de se forger sa propre opinion.
« Avec Olivier, on a un objectif ambitieux, mais on va y aller par petites touches. On ne veut pas monter d’un coup une marche trop haute »
explique le dirigeant, qui se repent encore d’avoir pris une décision trop rapide il y a deux ans concernant les formations UV. « J’avais lu un rapport concernant leur dangerosité potentielle et décidé qu’on n’allait plus former nos élèves sur le sujet. » Or les employeurs, eux, avaient toujours des équipements UV et ne voulaient pas embaucher de jeunes diplômés incapables de s’en servir. « La problématique est la même aujourd’hui. Si on apprend à nos élèves à ne travailler qu’avec certains produits bio, comme les vernis green ou les blouses en coton éthique, les employeurs mais aussi les fournisseurs et les clients ne seront pas forcément en phase. Auprès d’un certain public, oui, mais pas encore sur l’ensemble du territoire. C’est tout un ‘écosystème’ qui doit évoluer. » L’entrepreneur est confiant. « Ça prendra un peu de temps, mais on va y arriver. » À pas de chat…
Propos recueillis par Véronique Molières – https://www.bvm-communication.com/