Formatrice des aides-soignants à IFPVPS (Institut de Formation Public Varois des Professionnels de Santé) à Toulon
Depuis dix ans, Pascale forme les aides-soignants à l’IFPVPS de Toulon. Avant cela, elle a été infirmière pendant vingt ans, dont six en ELSA, une équipe de liaison en addictologie. Son passage à la formation, elle l’avait en tête depuis longtemps :
« C’était inscrit dans mon cursus, dans mes désirs… Je suis retournée là où j’avais fait mes études… »
La RSE ? Elle ne s’en revendique pas.
« Je ne vais pas mentir. Ce n’est pas quelque chose qui me tient à coeur de façon consciente dans ma pratique quotidienne. »
Mais elle nuance :
« Je vis dans ce monde. Je ne peux pas ne pas me poser de questions. »
Elle évoque, un brin amusé, un de ses petits gestes répétés :
« Tous les jours, je passe derrière les étudiants pour éteindre la lumière… 20 fois par jour, 5 jours par semaine, depuis 10 ans ! J’ai quand même participé à quelque chose, non ?! »
Un vrai tournant survient lorsqu’elle assiste à une conférence d’Olivier Toma à Marseille. :
«avec un type aussi engagé, un tel discours, je me dis qu’on va peut-être toucher leur coeur ou leur âme … ».
Elle s’obstine pour le faire venir à l’Institut, elle n’a que deux modules : sur les
impacts environnementaux sur la santé, et sur l’éthique et la bioéthique en santé environnementale.
« Peu importe le peu de retours des étudiants. L’essentiel, c’est qu’il soit
venu, que le message ait été entendu… »
« C’est à force de répétition qu’on induit les choses. »
Même si Pascale ne se sent pas engagée, ni inspirante, elle reconnaît qu’opérer une transition est une obligation :
« nous n’avons pas le choix, et en plus c’est hyper intéressant… »
Pour toucher des étudiants naturellement peu attirés par la RSE,
« il faut leur proposer quelque chose de plus pratique, de plus ancré dans leur quotidien. Les ramener à quelque chose qui puisse les toucher, maintenant. »
Une fois par an, elle organise un concours d’éloquence, et les emmène au théâtre.
« Certains n’y ont jamais mis les pieds. Ce que je veux, c’est qu’ils découvrent, qu’ils s’ouvrent. Même si ça reste juste une expérience, au moins, ils l’auront vécue. »
Elle a aussi participé à l’instauration de quelques habitudes durables : tri sélectif avec poubelles collectives, bouchons récupérés pour une association, encouragement à utiliser des gourdes, et… une astuce insolite dans les toilettes :
« J’ai mis des boîtes d’allumettes ! Le soufre détruit les odeurs, pas besoin de désodorisants chimiques. »
En septembre, l’IFPVPS emménagera dans un nouveau bâtiment à Montéty, en plein coeur de Toulon. « Un immense navire blanc », certifié BDM Bronze, avec panneaux solaires et jardin éco-responsable sur le toit. Il accueillera 2 700 étudiants de toutes filières paramédicales. Un nouveau départ.
« Avec cette nouvelle école, on sera dans une autre dynamique ! »
Pascale imagine déjà une rentrée différente :
« Et si on commençait par se poser les bonnes questions ? Qu’est-ce qu’on pourrait faire ensemble pour améliorer notre quotidien ? Éviter de gaspiller ? Un cours interactif plutôt qu’un magistral… Peut-être que ça serait intéressant !? »
Elle pense aussi à un Diplôme Universitaire sur la RSE :
« pour être plus légitime, et pouvoir lancer de nouveaux projets. »
Pascale ne se dit pas inspirante. Mais à l’écouter, on comprend qu’elle sème des graines, patiemment. Et que certaines, assurément, finiront par pousser.
