Directeur général du CHU de Lille

Né à Bordeaux et installé à Lille depuis huit ans, Frédéric revendique une identité de « Lillois du Sud-Ouest ». Père de trois enfants, il a construit un parcours marqué par la diversité des expériences et une quête constante de sens. D’abord formé au journalisme, puis aux sciences politiques en Allemagne et en France, il s’oriente résolument vers la santé, une vocation profondément enracinée :

« Avec un père médecin et une mère chercheuse Inserm, j’ai toujours été bercé par ce domaine passionnant. »

Sa soif d’apprendre se traduit par une succession de diplômes et de spécialisations : EHESP, HEC Management, Hôpital Plus, DU Sciences médicales, Master 2 Droit de la Santé, DU Transition Écologique, sans oublier une passion plus inattendue, celle d’instructeur pilote d’avion.

« La plus difficile de toutes, confie-t-il, celle où j’aide des jeunes à se dépasser pour maîtriser les risques et voler.»

Son premier grand défi professionnel se dessine à Paris, aux côtés de Louis Omnès, « mon deuxième père », chargé de construire l’hôpital européen Georges Pompidou. Une aventure de dix ans qui le marque profondément :

« C’est pour ça que je suis resté dans le monde de l’hôpital public. »

Pour lui, l’hôpital est naturellement au coeur du développement durable :

« Notre métier c’est le DD de l’Humanité. Nous faisons du soin, de la recherche et de l’enseignement : une responsabilité passionnante mais immense. »

Convaincu que la transition écologique doit être abordée avec pragmatisme, il crée une formation diplômante avec Sciences Po, la faculté de Santé et le CHU de Lille.

« L’intérêt de ce diplôme, c’est qu’il inclut un projet concret mené par les participants, ce qui apporte crédibilité et impact réel. »

La crise du COVID a accéléré cette dynamique et favorisé la rencontre d’acteurs engagés. Son action dépasse désormais le cadre régional. Président du Comité pour le Développement Durable en Santé (C2DS) et initiateur d’une « task force nationale » regroupant les 32 CHU français, il impulse une mobilisation collective :

« Nous avons rédigé une charte d’engagement signée avec les Pouvoirs publics pour mesurer notre impact, réaliser notre bilan carbone, soutenir des projets, innover dans la maîtrise énergétique et la gestion des déchets.»

Sa vision de la responsabilité sociétale ne se limite pas aux infrastructures. Elle se déploie aussi dans son management et sa pédagogie :

« Le but du chef, c’est de rendre les autres autonomes et capables. Souvent je dis à mes adjoints : mon objectif, c’est d’être inutile. Bien sûr, il faut un arbitre, un chef d’équipe et je l’assume. Mais comme dans une équipe de rugby, on est fort si on est lié et si on pense aux autres, pas si on agit seul. »

Parmi les projets concrets qu’il pilote figurent l’extension de l’hôpital Femme-Mère-Enfant intégrant rénovation énergétique, panneaux solaires, végétalisation et même réintroduction d’une abeille endémique grâce à un apiculteur, sur un campus de 70 Ha dont 20 d’espaces verts. Autre projet d’envergure : l’acquisition d’une IRM 7 Tesla, une technologie de pointe qui, connectée à toutes les IRM 3 Tesla de la région, les fera bénéficier d’avancées inédites en neurosciences.

Optimiste, Frédéric croit au pouvoir de l’exemple et des grands et petits gestes :

« Pour se lancer dans la RSE, il faut croire en l’humain, être optimiste plutôt que culpabilisateur. Même de petits gestes participent à la prise de conscience collective. »

Et d’ajouter, avec une image simple mais forte :

« Ma grand-mère n’aurait jamais jeté une bouteille en verre ! Après une période où tout partait à la poubelle, les gens aujourd’hui rechignent à jeter n’importe comment. C’est un signe, nous changeons, cela me rend optimiste. »