Les sentinelles de la RSE
Dominique Licaud, rebelle pleine de sagesse.
« Au tout début, je voulais être pilote de ligne. » C’est ainsi que commencent les projets de Dominique Licaud : le souhait de parcourir le monde. Elle s’inscrit en 1977 à l’École de Santé Navale, mais elle est retoquée pour excès pondéral. De quoi ramener les pieds sur terre. Une amie lui parle de son parcours à l’école de sages-femmes : c’est le déclic. « J’ai eu une révélation. C’était ma voie. ». Pas évident pourtant, de lever les tabous de son enfance sur l’enfantement et la sexualité, mais elle découvre un univers de solidarité, où les sages-femmes ont beaucoup la parole. « J’ai découvert qu’une sage-femme de 60 ans pouvait dire à un anesthésiste qu’ « il n’était qu’un petit con. » sourit-elle, « Cela a semé chez moi la graine de la possibilité de répondre aux médecins tout puissants quand on est dans son droit ou celui des patientes. » Et par la suite, elle n’a pas vraiment appris à se taire.
Diplômée en juillet 1981, elle prend son premier poste de sage-femme, diplôme en poche, à la maternité de Glasgow, à Brest. Après quelques années comme sage-femme libérale, dans des maternités privées de Royan ou du Médoc, elle arrive en 1987 à l’hôpital d’Angoulême. Là, elle s’engage dans une mission d’échanges entre le comité de jumelage d’Angoulême et la ville de Ségou au Mali. Celle qui voulait devenir pilote n’avait encore jamais pris l’avion. « L’Afrique a été une découverte. À l’époque, le Mali était un pays communiste, il y avait des russes et des cubains à l’hôpital de Ségou. Les gens travaillaient bien mais ne respectaient pas les populations. Une vraie solidarité s’est installée avec mes collègues sages-femmes maliennes. » Portée par la dynamique du jumelage Ségou-Angoulême, Dominique Licaud participe au Congrès des sages-femmes de Ouagadougou au Burkina Faso avec L’Association sages-femmes du monde puis, en 1996, au Congrès international des sages-femmes francophones en Tunisie.
La santé environnementale la rattrape en 2017, au crépuscule de sa carrière. « Pour moi, c’est la chute dans la courbe de la spermatogénèse qui a été mon déclic santé environnementale. J’ai découvert les perturbateurs endocriniens à 57 ans. J’ai fait naître les générations cobayes… On ne parle pas assez de ces questions. L’espèce s’appauvrit. C’est sûr, il est plus facile de gérer des ‘crétins’ que des gens qui se rebellent ! » s’irrite Dominique Licaud. En se formant, elle prend conscience de la présence de polluants dans l’environnement, les parabènes dans les lingettes, les liniments aux 25 ingrédients, alors qu’il n’en fallait que 2, autrefois…
En 2017, elle répond à un appel à projet de l’ARS pour 7 500 euros de subvention : c’est ainsi qu’est née la première chambre pédagogique de France. Il s’agit d’une chambre où les zones à risques toxiques sont identifiées, et les bonnes pratiques encouragées. Avec le soutien d’Olivier Toma, elle décide de s’engager avec son établissement pour obtenir le label Maternité éco-responsable THQSE. Aujourd’hui, les deux centres de périnatalité de Ruffec et Barbezieux ont participé au développement des appels à projets, avec des maquettes de la chambre pédagogique.
« La grossesse est le bon moment pour faire passer des messages de prévention, car les femmes veulent le mieux pour leur enfant. Nous leur faisons comprendre qu’un produit n’est pas forcément cher, et que le recyclage est un atout en santé environnementale, que ce soit pour les meubles ou pour la layette ! »
Propos recueillis par Véronique Molières – https://www.bvm-communication.com/